Ce que vous devez savoir sur le prochain passeport numérique des produits et comment vous y préparer.
Les fabricants vont devoir revoir la gestion de leur chaîne d'approvisionnement et la façon dont ils gèrent leurs données fournisseur.
Afin de « faire des produits durables la norme [...] et d'assurer une croissance durable », la Commission européenne a proposé l'introduction d’un passeport numérique des produits dans le cadre du règlement REPD (règlement sur l’écoconception pour des produits durables).
L'objectif est d'aider les entreprises et les consommateurs à faire des choix plus éclairés en fournissant des informations sur l'origine d'un produit, ses matériaux, ses procédés de fabrication et d'autres informations pertinentes destinées à créer une sorte de carte du cycle de vie des produits.
Les passeports numériques des produits ont pour but de fournir toutes les informations nécessaires sur l'impact environnemental et le cycle de vie d'un produit, mais aussi des conseils sur la manière de réutiliser un produit, de le reconvertir et de l'entretenir. Ce passeport rompt par conséquent avec la chaîne de valeur linéaire traditionnelle. C’est une première étape vers l’économie circulaire, étape qui exige de fournir des données.
« Les passeports numériques des produits seront la norme pour tous les produits réglementés dans le cadre du REPD, ce qui permettra d’étiqueter et d’identifier les produits, et de les relier à des données pertinentes pour leur circularité et leur durabilité.. »
COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPÉEN, AU CONSEIL, AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN ET AU COMITÉ DES RÉGIONS
Faire des produits durables la norme
Brussels, 30.3.2022
L'impact de cette proposition ne doit pas être sous-estimé. La directive comparable la plus évidente est le RGPD de 2018 qui continue encore aujourd'hui à occuper les data scientists, les départements informatiques, les juristes et les responsables de la protection des données. Tout comme le RGPD, le passeport affectera de multiples domaines, dont les relations des fabricants avec les retailers et les autorités de réglementation, la gestion de l'approvisionnement et le marketing, l'informatique et la gestion des données.
L'introduction des passeports numériques pour les produits est prévue pour 2024-25 pour trois marchés clés, dont les textiles et les batteries. Le troisième marché, non encore déterminé, pourrait être l'électronique grand public, les emballages ou les produits alimentaires.
Le passeport crée un enregistrement numérique des données relatives à tous les aspects du cycle de vie d'un produit. Il semble que la charge de travail reposera essentiellement sur les fabricants qui devront collecter une grande partie des informations et les mettre à la disposition des retailers. Ces derniers les transmettront aux consommateurs via le passeport. L'impact environnemental d'un produit provient naturellement des multiples fournisseurs de la chaîne d'approvisionnement. Cet impact augmente au fur et à mesure des actions de chacun de ces fournisseurs. Le passeport numérique du produit couvrira également des thèmes relatifs à la vie du produit après son utilisation : élimination, recyclabilité, récupération, remise à neuf, réusinage, maintenance prédictive et réutilisation.
Plusieurs discussions sont en cours concernant les détails du passeport numérique pour les produits. L'une d’elles s'intéresse aux données que doit contenir le passeport, une autre travaille sur la manière de stocker, communiquer et partager ses informations (code QR, blockchain, décentralisé, etc.). Parallèlement, une véritable prolifération de passeports, pilotés par l'industrie, apparaît, par exemple le Battery Passport. Il est possible qu'au fil du temps, il y ait plus d'un format ou la fusion de plusieurs passeports.
Mais l'idée est assez claire : les passeports numériques des produits sont destinés à résoudre le problème de la communication des informations liées à la circularité et à l'impact. Comment les parties prenantes, des fabricants aux revendeurs, aux consommateurs, aux autorités et aux ONG, peuvent-elles suivre et vérifier les produits et leurs composants tout au long de leur cycle de vie et mesurer leur impact environnemental ?
Les détails définitifs ne sont pas encore connus, mais le passeport numérique des produits devrait être axé sur les thèmes suivants :
Source : COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU PARLEMENT EUROPEEN, AU CONSEIL, AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL EUROPEEN ET AU COMITÉ DES RÉGIONS sur Faire des produits durables la norme, chapitre 2
Offrir ce niveau de transparence exige des données et des informations qui ne sont pas nécessairement à la disposition des retailers et des fabricants.
Un passeport produit facile à comprendre peut encourager la réutilisation et permettre une prise de décision éclairée. Toutefois, l'économie circulaire complique le calcul de l'impact environnemental et multiplie le nombre de points de données, car les produits faits de matériaux recyclés ont une durée de vie plus longue et plus complexe. Un produit peut en effet être composé de matériaux recyclés de première et de deuxième génération.
Nous commençons à voir l'émergence de services tiers et de sources de données reconnues qui se regroupent pour fournir des informations sectorielles concernant les calculs d'analyse d'impact. De nouveaux algorithmes apparaissent pour prendre en compte des données d'évaluation d'impact complexes et les transformer en mesures compréhensibles et comparables.
L'Eco-Score est un indicateur de l'empreinte écologique d'un produit alimentaire. La méthodologie de calcul de l'Eco-Score a été développée en France par un groupe de huit intervenants indépendants : ECO2 Initiative, Etiquettable, FoodChéri, Marmiton, Open Food Facts, ScanUp, Seazon et Yuka. L'Eco-score est présent sur de plus en plus de canaux : non seulement sur l'emballage ou les étiquettes de prix de nombreux produits, mais aussi via les scanners de codes-barres, la fonction de recherche des applications ou encore différents sites web.
En savoir plus sur l'Eco-Score et son mode de calcul pour le cycle de vie des produits alimentaires.
Le passeport numérique des produits est une exigence supplémentaire en matière de durabilité, qui vient s'ajouter à des centaines d'autres normes et cadres d'information, tels que le Sustainability Accounting Standards Board (SASB) et la Global Reporting Initiative (GRI) qui couvre plus de 140 thèmes, sans oublier les 17 objectifs de développement durable des Nations unies.
La différence avec le passeport numérique des produits tient à son caractère d’obligation pour pouvoir vendre sur le marché de l'UE dans l'un des secteurs ciblés.
Les conséquences d'une telle norme et de ce caractère d’obligation seront très étendues :
Le passeport numérique des produits est une version étendue des descriptions de produits qui renseignent sur les allergènes ou les valeurs nutritionnelles. Il ajoute un nouvel ensemble de données permettant aux fabricants et aux retailers de démontrer la durabilité et le sourcing éthique de leurs produits. Côté positif, les fabricants et les retailers seront mieux équipés pour répondre aux attentes des consommateurs souhaitant effectuer des achats responsables. Le passeport peut donc contribuer à établir la confiance et la loyauté et générer de nouvelles sources de revenus.
La conformité avec les règlementations relatives au passeport numérique des produits exigera un nouvel ensemble de données très détaillées. De nouveaux points de données devront être inclus et des ensembles d'informations disparates unifiés. La gestion de la conformité continuera à incomber aux Chief Data Officers, mais ils devront probablement renforcer leurs effectifs.
Les passeports numériques des produits peuvent fournir des informations sur les matériaux, les méthodes et les processus de fabrication. La présence de telles informations garantit une fabrication et un sourcing responsables. La transparence de la chaîne d'approvisionnement est un élément important de l'initiative relative au passeport produit. Toutes les parties prenantes en bénéficieront à terme. Les clients pourront prendre des décisions plus éclairées. Les retailers pourront intégrer des produits et des fournisseurs plus rapidement car ils auront une meilleure connaissance des articles des fournisseurs. Les autorités de règlementation enfin, pourront plus facilement vérifier les allégations de durabilité.
Les qualités durables des produits font déjà l'objet de publicité depuis un certain temps. Le passeport numérique des produits permettra de fournir plus facilement la preuve de ces qualités. Le passeport pourrait progressivement mettre fin au greenwashing en normalisant le mode de communication des données.
Le passeport numérique des produits exige un support technologique approprié car son succès repose sur la disponibilité de données précises. Les responsables IT vont avoir besoin d'une technologie capable de collecter et de gérer des données de durabilité provenant de sources et de systèmes très divers. Ils devront les rendre facilement partageables. Enfin, et surtout... ces données de durabilité devront être dignes de confiance.
Même si les détails du passeport numérique pour les produits ne sont pas encore clairs, vous pouvez dès à présent préparer votre organisation tout comme vous le feriez pour toute autre norme de durabilité (ou toute initiative digitale) : en mettant de l'ordre dans vos données.
Il est important de réaliser que les données de durabilité requises pour le reporting, y compris le passeport numérique des produits, sont très hétérogènes et proviennent de toute une variété de sources. En général, ces données décrivent les produits et les emballages, mais aussi les méthodes de fabrication, le traitement, le transport. Elles fournissent des informations sur les fournisseurs et sur les localisations. Ces données vont au-delà des informations produit habituelles et concernent plusieurs domaines de données de référence sur lesquels les autorités exigeront des informations.
Les responsables du développement durable doivent prouver qu'ils ont des produits et des pratiques durables.
Les données de référence sont la plupart du temps des informations stratégiques à faible volatilité qui décrivent les actifs de l'entreprise. Elles sont généralement regroupées par domaines. Les domaines de données courants concernent les clients, les fournisseurs, les produits, les actifs et les localisations. Vos données de référence sont les informations qui vous permettent de gérer l’entreprise, d'offrir une expérience client supérieure et de vous conformer aux réglementations.
Les données de référence peuvent avoir des centaines d'attributs. Ces attributs contiennent souvent des données de durabilité. Pour les données fournisseur, les attributs de durabilité pourraient être des certificats, des paiements de taxes, des informations sur les comptes, des hiérarchies, des sous-traitants et des informations financières.
Issues de différentes sources, les données de durabilité se trouvent inévitablement dans différents systèmes d'entreprise, ou silos de données, où elles sont définies et gérées par des départements différents. Ce mode de gestion décentralisé interdit toute transparence et tout reporting efficace.
La première étape consiste donc à unifier les données de référence dans un référentiel central permettant de les gouverner : déduplication, fixation de seuils pour la qualité des données et application de règles métier pour automatiser les workflows et garantir la capacité à rendre compte.
Un système de gestion des informations produit (PIM) pourrait apparaître comme un endroit idéal pour stocker les données de durabilité. Toutefois, compte tenu de la disparité des domaines de données, les responsables de la durabilité et les responsables des données travailleront beaucoup plus facilement avec une plateforme offrant des capacités de gouvernance et d'analyse étendues et capable de gérer les relations et des hiérarchies complexes.
Une solution PIM classique, qui convient pour les ventes en ligne, ne répondra pas aux exigences de conformité des passeports numériques des produits. Vous devez pouvoir capturer et stocker les informations fournisseur en même temps que les informations produit. Faire évoluer votre stratégie PIM vers une solution de Master Data Management (MDM) vous permet d'établir de robustes fondations, composées de données de référence propres et précises, apour l’ensemble des domaines.
Vous pouvez gouverner et gérer conjointement différents types de données de référence et établir des relations entre ces données.
En savoir plus sur :
- Comment construire un futur durable pour le retail : Télécharger le livre blanc
- Les clés de la croissance pour les CPG : Télécharger le livre blanc
Des fondations fiables, vous permettent de lancer de multiples initiatives, y compris pour répondre aux exigences de durabilité. La durabilité n’est bien évidemment pas la seule initiative à bénéficier de telles fondations. Toutes les initiatives digitales, du commerce électronique à l'innovation produit basée sur l'IA, ont besoin de données de référence fiables.
Disposer de données de référence gouvernées et fiables peut vous aider à :
Une plateforme de données de référence ouverte peut s'intégrer aux systèmes internes et externes et garantir le partage des données gouvernées à partir d'une source unique.